Éléments de sémiotique
1.
RÉSUMÉ
La sémiotique est la discipline
qui étudie les signes. Un signe (par exemple, le mot « vaisseau ») se reconnaît
à la présence de ses parties constitutives, soit, du moins dans les sémiotiques
qui s'inspirent de Saussure, le signifiant (le contenant, la forme sensible du
signe : les lettres v-a-i-s-s-e-a-u) et le signifié (sens, contenu, notion
véhiculée par le signifiant : ‘navire de grande dimension'). La sémiotique
générale permet, à l'aide des mêmes notions, de décrire, en principe, tout
système de signes : textes, images, productions multimédia, signaux routiers,
mode, spectacles, vie quotidienne, etc. Des sémiotiques spécifiques (du texte,
de l'image, du multimédia, etc.) permettent de tenir compte des particularités
de chaque système de signes. Ce chapitre présente sommairement la sémiotique
générale. On y trouve, d'abord, des définitions de la discipline et du signe
ainsi qu'une énumération de concepts et de théoriciens célèbres. Puis sont
présentées, à travers l'analyse d'un objet en apparence anodin, les feux de
circulations, des notions de sémiotique générale:
Émetteur/récepteur,
émission/transmission/réception, canal, contexte, référent, système, code,
redondance, bruit, paradigme/syntagme, marge de sécurité, sème, isotopie,
polysémie/homonymie/synonymie, relations ou systèmes
symboliques/semi-symboliques/sémiotiques, arbitraire/convention du signe,
signes continus/discontinus, signes uniques/répétés, signes
successifs/simultanés, signes actualisés/virtualisés, contraste, etc.
2.
THÉORIE
2.1
DÉFINITION DE LA
SÉMIOTIQUE ET DU SIGNE
La sémiotique (ou sémiologie)
est, pour faire bref, la discipline qui étudie les signes et/ou la
signification (processus de la production du sens). Ajoutons qu'elle connaît
depuis quelques années un nouvel essor en raison, entre autres, du
développement du multimédia.
La sémiotique n'est pas LA
sémiotique. Il existe en effet plusieurs théories sémiotiques. La sémiotique
est associée à des noms célèbres: Saussure, Peirce, Morris, Hjelmslev,
Jakobson, Barthes, Greimas, et Eco (oui, le célèbre auteur du roman Le nom de
la rose, dont a été tiré le film du même nom)... Et à des concepts fameux:
signifiant, signifié, référent, paradigme, fonction poétique, isotopie, modèle actantiel,
triangle sémiotique, carré sémiotique, oeuvre ouverte... Nous verrons ici, et
ailleurs, quelques-uns de ces noms et concepts, et d'autres également. Comme
complément, on lira les excellentes introductions à la sémiotique qui existent
(par exemple, Eco 1988, Everaert-Desmedt 1990, Courtés 1991, Klinkenberg 2000).
Le signe se reconnaît de
plusieurs manières. Il existe des définitions fonctionnelles. Ainsi, la
définition la plus générale, et l'une des plus anciennes, fait du signe ce qui
est mis à la place de quelque chose d'autre (ce quelque chose d'autre peut être
interprété comme un signifié ou un référent, comme nous le verrons plus loin).
Par exemple, le noir porté dans un enterrement ne vaut pas que pour lui-même en
tant que couleur, il signifie aussi, du moins dans notre culture, la mort. Il
existe aussi des définitions qui reposent sur la présence des éléments
constitutifs du signe, lesquels varient d'une théorie à l'autre.
Dans les théories sémiotiques
inspirées de Saussure (célèbre linguiste genevois), le signe se décompose en
signifiant, la partie perceptible du signe (par exemple, les lettres
v-a-i-s-s-e-a-u) et signifié, la partie intelligible du signe, le contenu
sémantique associé au signifiant (par exemple, le sens du mot « vaisseau »). Le
signifié se décompose en sèmes (par exemple, le signifié ‘vaisseau' contient
des sèmes comme /navigation/, /concret/, etc.). Une isotopie est constituée par
la répétition d'un même sème. Par exemple, dans « Ce fut un grand Vaisseau
taillé dans l'or massif / Ses mâts touchaient l'azur sur des mers inconnues »
(Émile Nelligan, « Le vaisseau d'or »), les mots « Vaisseau », « mâts » et «
mers » contiennent, entre autres, le sème /navigation/ et forment donc
l'isotopie /navigation/.
Les signes conventionnels indiqués
dans le tableau plus bas permettent de distinguer, par exemple, le signe (le
mot) (1) «concret» ; du signifié qu'il véhicule, (2) 'concret' ; du signifiant
de ce signe, (3) concret, constitué des phonèmes c-on-c-r-et et des lettres
c-o-n-c-r-e-t ; du sème /concret/ (dans 'couteau', par exemple) ou de
l'isotopie /concret/ (dans «couteau d'acier», par exemple). Par ailleurs,
l'emploi d'une seule barre oblique indique une opposition (par exemple,
vie/mort). Il existe en sémiotique plusieurs conventions différentes de celle
employée ici.
Signes
conventionnels employés
«signe» (guillemets)
|
signifiant (italiques)
|
'signifié' (apostrophes)
|
/sème/ et /isotopie/
(barres obliques)
|
Dans la tradition
aristotélicienne, le signe est plutôt constitué de trois parties : le
signifiant, le signifié et le référent, c'est-à-dire la chose concrète à
laquelle renvoie le signe (par exemple, un vrai cheval). En appelant «
signifiant » et « signifié » les deux premières parties du signe triadique,
nous utilisons la terminologie de Saussure ; d'autres dénominations ont été
proposées, qui correspondent parfois à des visions théoriques très différentes.
Par exemple, Peirce (célèbre logicien américain), tout en s'inscrivant dans
cette seconde tradition sémiotique propose une vision originale (que nous ne
pouvons présenter ici; voir le chapitre sur la sémiotique de Pierce). Il
distingue comme parties du signe, respectivement, le représentamen,
l'interprétant et l'objet.
2.2
NOTIONS DE SÉMIOTIQUE : LES FEUX DE CIRCULATION
Comme toutes les disciplines, la
sémiotique montre et décrit la complexité de phénomènes complexes ou en
apparence simples. Les feux de circulation constituent un exemple de système
sémiotique simple mais déjà plus complexe qu'il n'y paraît. Nous évoquerons ici
des feux de circulation standard sans tenir toujours compte des multiples
variétés qui en existent.
2.2.1
SIGNIFIANTS
Les trois signifiants principaux
des feux de circulation sont des couleurs : vert, jaune, rouge. Ces signifiants
utilisent donc uniquement l'un des cinq canaux sensoriels, l'un des cinq sens :
la vue (ce qui n'est pas le cas, par exemple, des signes olfactifs).
Dans un même système de signes,
les signifiants doivent respecter le principe d'une marge de sécurité
suffisante, et nous ne parlons pas ici d'abord de sécurité routière… Par
exemple, en principe, des feux de circulation pourraient employer les trois
couleurs suivantes : vert foncé, vert moyen et vert pâle. On comprend que la
minceur de la marge de sécurité entre ces signifiants diminuerait également la
sécurité routière…
2.2.2
REDONDANCE ET BRUIT
Dans les feux de circulations,
les couleurs sont souvent associées, corrélées à d'autres types de signifiants
visuels (associés aux mêmes signifiés que les couleurs), à savoir des formes
(par exemple, rectangle + rouge, cercle + vert, etc.) des positions (haut,
milieu, bas ou gauche, milieu, droite). Cette corrélation produit une
redondance, soit le phénomène de répétition d'un même signifié par son
association avec plusieurs signifiants différents présents ou par la répétition
du signe dans lequel ce signifié se trouve. La redondance vise à contrer ce
qu'on appelle, en théorie de l'information, le bruit, c'est-à-dire ce qui
empêche ou pourrait empêcher la transmission et l'interprétation (ou réception)
correcte du message produit lors de l'émission. La redondance vise à s'assurer
que le récepteur (le conducteur ou le piéton) perçoit bien le signe, notamment
lorsque les circonstances sont défavorables (éblouissement, daltonisme,
distraction, etc.). Ainsi, pourquoi le téléphone sonne-t-il à plusieurs
reprises alors qu'une seule fois eût suffit ? Pour s'assurer qu'au moins un des
signes répétés soit perçu.
2.2.3
SIGNIFIÉS
À chaque couleur des feux est
associée un seul signifié, distinct de celui des autres couleurs : ‘traversez'
pour vert, ‘préparez-vous à arrêter' pour jaune, ‘arrêtez-vous' pour rouge.
2.2.4
POLYSÉMIE ET SYNONYMIE
Lorsque deux signifiés et plus
sont associés à un même signifiant, on parle de polysémie.
REMARQUE
: POLYSÉMIE ET HOMONYMIE
Le mot « polysémie » reçoit un
sens particulier en linguistique, où il indique une forme moins accentuée de
différence entre signifiés que dans l'homonymie. Ainsi, le signifiant
b-o-u-c-h-e peut être associé à deux signifiés en relation de polysémie,
‘bouche de métro' et ‘orifice buccal'. À l'opposé, le signifiant f-a-u-x peut
être associé à deux signifiés en relation d'homonymie : ‘instrument agricole'
et ‘erroné'.
Lorsqu'un même signifié est
associé à deux signifiants ou plus, on parle, dans le cas des signes
linguistiques du moins, de synonymie: par exemple, pour ce qui est de « mourir
» et « décéder ». Dans le système sémiotique qui nous intéresse, on trouve des
« synonymes » : ainsi le signe fait de rouge + ‘arrêtez' a-t-il pour
équivalents, même s'ils sont moins importants, haut + ‘arrêtez' (dans une
disposition verticale, le feu rouge est généralement situé au sommet) et
rectangle + ‘arrêtez'.
REMARQUE
: IMPOSSIBILITÉ DE LA
SYNONYMIE PARFAITE
La synonymie parfaite
n'existerait pas, du moins dans les systèmes linguistiques, comme le prouvent
la disparité dans les emplois des signes synonymiques : ainsi « décéder » se
distingue de « mourir » par son appartenance à un registre de langue plus élevé
et son application aux seuls êtres humains, sauf emplois rhétoriques
particuliers (on ne parle pas normalement d'« un chien décédé »). Le principe
de solidarité entre signifiant et signifié explique l'absence de véritables
synonymes. Selon ce principe, dès qu'on change de signifiant, on change de
signifié et vice-versa. Par exemple, si on change le phonème b de « bas » pour
un p, non seulement on change le signifiant mais également le signifié qui
l'accompagne (un bas n'est pas un pas…).
2.2.5
SYSTÈMES SYMBOLIQUE, SEMI-SYMBOLIQUE ET SÉMIOTIQUE
Un système de signes ou une
relation entre éléments quelconques sera soit (1) symbolique, soit (2) semi
symbolique, soit (3) sémiotique (le mot « sémiotique » prend alors un sens
restreint et particulier). (1) Lorsqu'un et un seul signifiant est associé à un
et un seul signifié, on parle de système symbolique ; c'est le cas des feux de
circulation, du « langage » des fleurs (rose = ‘amour', tulipe = ‘amitié',
etc.), etc. (2) Un système est semi-symbolique si à une opposition du
signifiant correspond (est homologuée) une opposition du signifié. Les gestes
sont souvent de nature semi symbolique, il en va ainsi de l'opposition
mouvement vertical/mouvement horizontal qui est homologuée à l'opposition
‘oui'/'non'. Les feux de circulation correspondent à partiellement à cette
définition : en effet, si rouge et vert sont opposés en tant que couleurs
complémentaires, jaune ne trouve pas de véritable opposé dans ce système. Il
n'empêche que chacune des trois couleurs peut participer par ailleurs d'autres
oppositions culturellement définies (au sein d'une même culture ou d'une
culture à une autre); par exemple le rouge et le noir sont opposés dans
plusieurs cultures, notamment africaines. (3) Enfin, les autres systèmes sont
dits sémiotiques. La langue est un de ces systèmes.
2.2.6
ARBITRAIRE ET CONVENTION DU SIGNE
La corrélation entre une couleur
et son signifié est arbitraire (non motivée). Tout signifiant peut en principe
être joint à tout signifier. Pour être correctement interprété, le signe
s'appuie cependant sur une convention (en ce sens, mais en ce sens seulement,
il est motivé). La preuve en est, pour les feux de circulation, que d'autres
cultures ou sociétés (le Japon, l'Australie) corrèlent jaune et ‘arrêtez'…
Évidemment, nos feux de circulation à nous (il faudrait vérifier pour ceux des
autres) reçoivent une certaine motivation puisqu'une corrélation (plus
exactement une homologation) générale existe dans notre culture entre
rouge/vert et ‘néfaste'/'bénéfique'. Il n'empêche que cette corrélation
générale est elle-même arbitraire, même si elle peut recevoir une justification
rationnelle (par exemple, le rouge évoquerait le sang versé, le vert la
croissance végétale ; mais on trouve aussi des associations qui vont dans le
sens inverse, comme le teint vert et la maladie). Même si elles sont en
principe arbitraires, des contraintes, différentes pour chaque type de
signifiants et type de situations, pèsent sur les associations entre
signifiants et signifiés. Ainsi, on voit mal des feux de circulation employant
un signifiant noir…
Soit trois des sortes de signes
distingués par Peirce : icône (une photographie, un panneau de traverse
d'écoliers où figure un silhouette humaine), indice (signes de type si… alors…
: la fumée pour le feu, la queue d'un chat caché pour le chat entier), symbole
(le mot « papa »). Le signe le plus arbitraire est évidemment le symbole, qui
repose sur un lien de codification fort : il n'y a pas de lien de similarité
(icône) ou de contiguïté, de proximité (indice) entre « papa » et ce qu'il
désigne; à preuve, en anglais, le mot pour désigner le même référent est «
father ». Un même signe peut être utilisé de plusieurs manières, par exemple
comme symbole de quelque chose et indice d'autre chose. Ainsi, les feux de
circulation sont avant tout des symboles, mais ils peuvent servir, par exemple,
comme indice d'une intersection invisible au loin).
2.2.7
SIGNES UNIQUES/RÉPÉTÉS ET SILENCE SÉMIOTIQUE
Dans le monde des signes, un
signe (1) durera plus ou moins longtemps; (2) il sera suivi ou non d'un moment
de silence plus ou moins long; et, dans le cas ou le signe n'est pas solitaire
(signe unique), il (3) cédera sa place à un autre signe ou encore sera répété
(signe répété).
Ainsi, les feux de circulations
emploient les signes uniques et les signes répétés (feux clignotants). Dans le
« langue » des feux de circulation, il n'y a pas de place pour un silence
dangereux (par exemple, dans la
succession « feu vert » - aucune lumière -
« feu jaune » - aucune
lumière- « feu rouge »). Contrairement à ce qui se produit dans d'autres
systèmes sémiotiques, l'absence de tout signe n'y est pas un signe ; pour des
raisons de sécurité, il n'existe pas, semble-t-il, de feux de circulation avec
une seule couleur (par exemple, l'absence de rouge signifierait ‘roulez', sans
nécessité la présence d'un feu vert). Pour les mêmes raisons, on a cru bon
d'insérer entre les deux signes opposés, « feu rouge » et « feu vert », un
signe intermédiaire, « feu jaune ». Il est intermédiaire dans deux sens du mot
: dans le temps (il est au milieu de la séquence, nous y reviendrons) et, bien
sûr, dans la signification (il est ce qu'on appelle en sémiotique un terme
neutre, c'est-à-dire un signe qui marque l'absence des deux termes opposés; il
signifie : ‘ni l'un ni l'autre').
2.2.8
SIGNES SUCCESSIFS/SIMULTANÉS, PARADIGME ET SYNTAGME
Tout langage est fait de signes
et de règles, plus ou moins contraignantes, touchant les combinaisons de ces
signes. Certaines de ces contraintes sont temporelles. Deux événements, par
exemple deux signes, seront en (1) concomitance (ils sont simultanés et
apparaissent et disparaissent en même temps) ; (2) en succession immédiate ou
après un intervalle de temps ; (3) en concomitance partielle (l'un commençant
plus tard que l'autre mais avant que ce dernier ne soit terminé).
Dans la « langue » des feux de
circulation, comme dans la vraie langue, deux signes ne peuvent être émis en
même temps. Dans la langue, du moins dans sa manifestation orale, des raisons
phonologiques expliquent cette règle : on peut difficilement prononcer deux
phonèmes à la fois. Dans les feux de circulations, ce sont des impératifs de
sécurité et de cohérence qui l'excluent : tous les signes ne peuvent que se
succéder, sans aucune concomitance et sans « silence ». On dira que les signes
s'excluent mutuellement : un seul signe peut être actualisé (présent) à la
fois, les deux autres doivent demeurer virtualisés (absents). Cela a pour
conséquence que ce qu'on appelle un contraste, la coprésence de deux signes
opposés (ici « feu rouge » et « feu vert »), y est impossible.
Un paradigme est un ensemble de
signes équivalents virtualisés dans lequel on choisit un signe qui sera
actualisé dans un syntagme. Un syntagme est un groupe de signes se succédant
dans le temps (par exemple, une phrase est un groupe de mots et à cet égard, un
syntagme ; il existe aussi des « syntagmes » sans succession temporelle, par
exemple un tableau).
Les feux de circulation ont un
seul paradigme, composé de seulement trois signes. Ils fonctionnent avec un
syntagme obligatoirement à trois positions temporelles et spatiales. À chaque
position dans le temps, un seul signe est actualisé. À chaque position dans
l'espace (dans une orientation horizontale : gauche, milieu, droite), un seul
signe, toujours le même, est actualisé ; pour des raisons de sécurité et de
coût sans doute, on ne préconise pas l'usage d'une seule lampe diffusant
plusieurs couleurs (mais il existe des feux de piétons où les signes «
traversez » et « ne traversez pas » sont localisés exactement au même endroit).
Parmi toutes les combinaisons possibles, une seule est autorisée : « feu vert »
- « feu jaune » - « feu rouge », etc. Quant à leur durée, les
signes ne sont pas égaux : normalement, le feu jaune dure moins longtemps que
les deux autres ; la durée relative des feux rouge et vert est réglée en
fonction de l'importance de l'axe routier en cause. Nous touchons là les
misères et splendeurs de la programmation des feux de circulation sur une base
individuelle et dans leur enchaînement (synchronisation). Et la sémiotique nous
ramène, par des voies inattendues, à des questions cruellement quotidiennes…
3.
APPLICATION : LA COULEUR
DES DESSOUS FÉMININS
Comme dans la section précédente
nous avons déjà illustré les notions sémiotiques présentées, nous nous
contenterons ici d'une courte application coquine : étudier le système des
couleurs des dessous féminins (plus complexe et structuré que celui des dessous
masculins). Il s'agira de stipuler les sèmes (éléments composant un signifié)
associés à ces couleurs, qui sont autant de signifiants. Opposons les couleurs
de dessous dont les signifiés sont relativement précis (blanc, beige, rouge,
etc.) et celles dont les signifiés demeurent flous (turquoise, émeraude, brun,
etc.), et concentrons-nous sur les premières. Retenons les couleurs suivantes :
blanc, beige, rouge, rose et noir.
Le tableau suivant présente les
principaux sèmes que nous croyons pouvoir rattacher à chaque couleur retenue.
Il va de soi que cette analyse est somme toute grossière et que de nombreux
raffinements seraient susceptibles de la préciser (par exemple, un dessous
blanc mais avec force dentelles n'est plus spontanément associé à l'ingénuité
de la jeune fille). Le signe d'addition indique la présence du sème et le point
d'interrogation un doute.
Sèmes associés
aux couleurs des dessous féminins
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SIGNIFIANT
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blanc
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beige
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rouge
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rose
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noir
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SÈME (bas)
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/jeune fille/
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+
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+?
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/femme/
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+
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+
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+
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+
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/vie quotidienne/
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+
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+
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+?
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/activités sportives/
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+
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/occasion spéciale/
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+
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+
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+
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/passion/
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+
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+
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/romantisme/
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|
+
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|
+
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/démodé, kitsch/
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|
+
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|
+?
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/chic, classique/
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+
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+?
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+
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/ingénuité/
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/assurance sexuelle/
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+
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autres sèmes
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/pureté/
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/provocation/
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/douceur/
/féminité/ |
/mystère/
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4. OUVRAGES CITÉS
ECO, U. (1988), Le
signe, Bruxelles, Labor.
EVERAERT-DESMEDT, N.
(1990), Le processus interprétatif: introduction à la sémiotique de Ch. S.
Peirce, Bruxelles, Pierre Mardaga Éditeur.
KLINKENBERG, J.-M.
(2000), Précis de sémiotique générale, Paris, Sevil.
Réf :
Louis Hébert
Université du Québec à Rimouski